"J'ai plus de respect pour la vie depuis que j'ai côtoyé la mort de près" Cela faisait longtemps que tu n'avais pas participé de façon régulière à une série télé. Comment t'es tu retrouvé embarqué dans Navy NCIS ? Je me baladais dans Park Avenue à New York, lorsque j'ai reçu un coup de fil qui me demandait de me rendre chez Bonnie Timmerman, le responsable des castings pour la série. Il m'a alors expliqué quelle été l'idée de la série et la façon dont il me voyait y collaborer. A l'époque, je ne savais absolument pas à quoi ressemblait mon personnage de Ducky. Au départ, je pensais qu'il était un peu simplet, mais au final, interpréter ce genre de rôle m'a permis de jouer différemment et surtout de bien m'amuser sur le tournage.
As-tu déjà joué ce genre de personnage dans ta carrière ? Non, ce fut une véritable découverte pour moi. Je me suis beaucoup amusé mais j'ai aussi énormément appris en interprétant le rôle de Ducky. Depuis ce coup de fil reçu à New York, j'ai passé pas mal de temps à la morgue de Los Angeles. Je voulais comprendre qui était vraiment mon personnage. Il m'a fallu assister à pas mal d'autopsies de types avec des histoires souvent incroyables. Rien que le fait de repenser à ce que j'y ai vécu, j'ai l'impression de sentir l'odeur de la morgue. C'est terrible.
Est-ce facile de revenir à la vie normale lorsqu'on fait ce genre d'expérience ? Tu n'as pas le sentiment de vivre en permanence dans la peau de ton personnage ? Ma femme te dirait effectivement que tu as raison. Je crois qu'elle en a marre de me voir débarquer avec plein de bouquins à potasser à la maison. Elle n'arrête pas de me dire que depuis que je joue un médecin légiste, elle a peur d'ouvrir tous les paquets que je reçois par la poste. C'est vrai que je commande plein de livres bizarres sur le sujet. (Rires) En tous cas, ce rôle a vraiment changé ma vie dans le bon sens du terme. J'ai nettement plus de respect pour la vie en général depuis que j'ai côtoyé la mort de plus près. En plus, cela m'a permis d'aller à Washington et de rencontrer les hauts gradés de la marine américaine. J'étais comme une sorte de VIP dans un univers militaire et j'ai pu approcher des choses que je n'aurai jamais pu connaître en tant que simple civil.
Avais-tu entendu parler du NCIS ? Absolument pas. On sait assez peu de choses sur cette organisation, en réalité. Si tu demandes autour de toi à quoi sert le NCIS, tu te rends compte que les gens savent vaguement ce que c'est mais qu'il existe une véritable fierté vis-à-vis de cette élite. Ce sont avant tout des types solitaires, comme une grande et belle famille. Par exemple, il existe un drapeau sur lequel toutes les personnes travaillant pour le Pentagone ont apposé leur signature en indiquant leur département d'affectation. Depuis l'agent secret jusqu'à la femme de ménage, tout le monde l'a signé, et pour moi, c'est tout à fait représentatif de la cohésion et de l'esprit de groupe qui y règne. Pour moi, ce sont tous des types extraordinaires qui méritent tout notre respect.
On a le sentiment que tu as voulu apporter énormément d'humour à ton personnage ... Je joue un médecin légiste, ce qui en soit n'est pas follement drôle. Je vois défiler des macchabées toute la journée donc, pour éviter de devenir complètement dingue, il faut trouver une sorte de palliatif, et je n'ai rien trouvé de mieux que l'humour pour garder la tête sur les épaules. La plupart du temps, c'est de l'humour noir. C'est logique, ça permet aussi de dédramatiser ce que ces types vivent chaque jour. J'espère seulement que le public ne verra pas dans cet humour un manque de respect vis-à-vis du NCIS. Cette série est aussi une façon de leur rendre hommage.
Tu as déjà joué dans une série d'espionnage, mais à l'époque tu te faisais piquer toutes les filles par ton acolyte. Est-ce que NCIS a arrangé tes affaires ? Je suis vieux maintenant. Suffisamment pour que les filles s'attendrissent lorsqu'elles me voient. Au moins, je peux me dire que je ne passe pas inaperçu, même si leurs intentions ne sont pas aussi mals tournées que les miennes. (rires)
Don Bellisario (ndlr : le réalisateur) avoue t'avoir recruté en partie parce qu'il voyait en toi l'acteur capable de le représenter le plus fidèlement dans la série ... Je ne savais pas que j'interprétais en réalité le rôle de Don Bellisario ?!? Je vais le rajouter sur mon CV ! (rires) En revanche, je refuse de devoir fumer le cigare : tout mais pas ça !
Spirit n°40, Mai/Juin 2004
